Littérature française
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« Lorsque j'ai été mis à la porte de chez mes parents le jour de mes vingt ans, vendredi 22 septembre 1967, j'aurais dû comme Salvador Dali dans la même situation me raser le crâne et placer un oursin sur le dessus de ma tête, à l'instar de Guillaume Tell posant une pomme sur le front de son fils ... » Dans ce livre incisif et percutant, allègrement écrit, après avoir attendu longtemps, avec beaucoup d'amusement et une grande sincérité, Patrick Roegiers parle pour la première fois de lui-même, de ses parents, de sa famille, de son éducation, des fracas de son adolescence et des tumultes de son enfance. Sans nostalgie mais non sans émotion, il raconte son histoire comme il l'a vécue et, surtout, telle que la reconstitue et la ressent inconsciemment la mémoire. Le portrait de sa mère, Gorgone moderne, Médée vengeresse, chargée d'une lourde hérédité et agonisant sa progéniture, est plus que saisissant. Le souvenir n'est pas le pardon. Le passé n'est jamais mort. C'est un fantasme du présent.
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«- Tesson ! Je poursuis une bête depuis six ans, dit Munier. Elle se cache sur les plateaux du Tibet. J'y retourne cet hiver, je t'emmène. - Qui est-ce ? - La panthère des neiges. Une ombre magique ! - Je pensais qu'elle avait disparu, dis-je. - C'est ce qu'elle fait croire.»
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Toutes les histoires d'amour ont été racontées, sauf une
Tonino Benacquista
- Gallimard
- Blanche
- 5 Mars 2020
- 9782072876073
« Depuis sa disparition, Léo me manque. Lors de notre tout dernier échange, il m'a dit, s'adressant à ses parents et amis à travers moi : «Je vous quitte pour un monde meilleur.» Six mois plus tard, personne ne sait s'il est toujours en vie mais quelque chose me dit que sa formule, un rien mélodramatique, n'annonçait pas un suicide. » Où donc est passé Léo ?Son entourage s'interroge sur le mystère de sa disparition. Qui était-il vraiment ? Que fuyait-il ? S'il vit toujours, où est-il allé se perdre ?Nul ne se doute que pour trouver des réponses à ses propres questionnements, Léo s'est réfugié dans un autre monde, celui des fictions et des rêveries qu'elles éveillent en nous.Il y a vingt ans, Tonino Benacquista racontait dans son roman à succès Saga l'odyssée de quatre scénaristes engagés dans un projet d'écriture qui transformait leur vie ; avec Toutes les histoires d'amour ont été racontées, sauf une, il explore cette fois le phénomène de la série télévisée du point de vue du spectateur qui en devient accro. Scénarios et personnages se multiplient jusqu'au vertige dans ce roman d'une inventivité prodigieuse, qui nous rappelle que seule la fiction a le pouvoir de réparer le réel.
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Anne-Marie la Beauté
Yasmina Reza
- Flammarion
- Litterature Francaise Flammarion
- 8 Janvier 2020
- 9782081480476
Elle s'enduisait de la vieille crème de huit heures d'Elizabeth Arden. Tu pues le camphre Gigi, je disais. Elle répondait c'est un aphrodisiaque, la pauvre Au temps du Théâtre de Clichy, j'étais sa seule amie. Les autres étaient jalouses.
Les hommes tournicotaient comme des mouches. Elle tombait amoureuse plusieurs fois par mois.
À vingt-trois ans elle s'est trouvée enceinte. Pendant deux jours on s'est cassé la tête pour savoir quoi faire et puis elle a dit, allez hop je le garde. Ça ne l'intéressait pas de connaître le père : de toute façon il me fera chier.
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Et toujours les Forêts
Sandrine Collette
Coup de coeur- Lattes
- Litterature Francaise
- 2 Janvier 2020
- 9782709666152
Corentin, personne n'en voulait. Ni son père envolé, ni les commères dont les rumeurs abreuvent le village, ni surtout sa mère, qui rêve de s'en débarrasser. Traîné de foyer en foyer, son enfance est une errance. Jusqu'au jour où sa mère l'abandonne à Augustine, l'une des vieilles du hameau. Au creux de la vallée des Forêts, ce territoire hostile où habite l'aïeule, une vie recommence.
À la grande ville où le propulsent ses études, Corentin plonge sans retenue dans les lumières et la fête permanente. Autour de lui, le monde brûle. La chaleur n'en finit pas d'assécher la terre. Les ruisseaux de son enfance ont tari depuis longtemps ; les arbres perdent leurs feuilles au mois de juin. Quelque chose se prépare. La nuit où tout implose, Corentin survit miraculeusement, caché au fond des catacombes. Revenu à la surface dans un univers dévasté, il est seul. Humains ou bêtes : il ne reste rien. Guidé par l'espoir insensé de retrouver la vieille Augustine, Corentin prend le long chemin des Forêts.
Une quête éperdue, arrachée à ses entrailles, avec pour obsession la renaissance d'un monde désert, et la certitude que rien ne s'arrête jamais complètement.Lauréate du Grand Prix RTL-Lire 2020 Lauréate du Prix de la Closerie des Lilas 2020 Lauréate du Prix du livre France Bleu Page des Libraires 2020 « Cette épopée ne s'oublie pas. » Le Figaro « Pour Sandrine Collette, l'espoir ne meurt pas tant que subsiste un souffle de vie, si chétif soit-il. » Le Monde des livres « Un roman très prenant et cinématographique » Madame Figaro « À mi-chemin entre La Route de Cormac Mc Carthy [...], et En un monde parfait, de Laura Kasischke, Sandrine Collette réussit une très belle oeuvre et trouve l'équilibre entre l'effroyable et le beau, faisant pousser la poésie au milieu de la poussière » ELLE -
À Sabratha, sur la côte libyenne, les surveillants font irruption dans l'entrepôt où sont entassées les femmes.
Parmi celles qu'ils rudoient pour les obliger à sortir, Chochana, une Nigériane, et Semhar, une Érythréenne. Les deux amies se sont rencontrées là, après des mois d'errance sur les routes du continent. Grâce à toutes sortes de travaux forcés et à l'aide de leurs proches restés au pays, elles se sont acharnées à réunir la somme nécessaire pour payer les passeurs, à un prix excédant celui d'abord fixé. Ce soir-là pourtant, au bout d'une demi-heure de route dans la benne d'un pick-up fonçant tous phares éteints, elles sentent l'odeur de la mer.
Un peu plus tôt, à Tripoli, des familles syriennes, habillées avec élégance comme pour un voyage d'affaires, se sont installées dans les minibus climatisés garés devant leur hôtel. Ce 16 juillet 2014, c'est enfin le grand départ. Dima, son mari et leurs deux fillettes ont quitté leur pays en guerre depuis un mois déjà, afin d'embarquer pour Lampedusa.
Ces femmes si différentes - Dima la bourgeoise voyage sur le pont, Chochana et Semhar dans la cale - ont toutes trois franchi le point de non-retour et se re- trouvent à bord du chalutier, unies dans le même espoir d'une nouvelle vie en Europe.
L'entreprenante et plantureuse Chochana, enfant choyée de sa communauté juive ibo, se destinait pourtant à des études de d roit, avant que la sécheresse et la misère la contraignent à y renoncer et à fuir le Nigeria. Semhar, elle, se rêvait institutrice, avant d'être enrôlée pour un service natio- nal sans fin dans l'armée érythréenne, où elle a refusé de perdre sa jeunesse. Quant à Dima, au moment où les premiers attentats à la voiture piégée ont commencé à Alep, elle en a été sidérée, tant elle pensait sa vie toute tracée, dans l'aisance et conformé- ment à la tradition de sa famille.
Les portraits tout en justesse et en empa- thie que peint Louis-Philippe Dalembert de ses trois protagonistes - avec son acuité et son humour habituels - leur donnent vie et chair, et les ancrent avec naturel dans un quotidien que leur nouvelle condition de « migrantes » tente de gommer. Lors de l'effroyable traversée, sur le rafiot de for- tune dont le véritable capitaine est le chef des passeurs, leur caractère bien trempé leur permettra tant bien que mal de résis- ter aux intempéries et aux avaries. Luttant âprement pour leur survie, elles manifeste- ront même une solidarité que ne laissaient pas augurer leurs origines si contrastées.
S'inspirant de la tragédie d'un bateau de clandestins sauvé par le pétrolier da- nois Torm Lotte en 2014, Louis-Philippe Dalembert déploie ici avec force un ample roman de la migration et de l'exil.
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De Kibogo, le fils du roi, ou du Yézu des missionnaires, lequel des deux est monté au ciel? Qui a fait revenir la pluie, sauvant ainsi son peuple de la sécheresse et de la famine? Est-ce Maria de la chapelle ou la prêtresse de Kibogo qui a dansé sur la crête de la montagne au-dessus du gouffre? Au Rwanda, colonisation et évangélisation avaient partie liée. En 1931, la destitution du roi Musinga qui refusait le baptême entraîna la conversion massive de la population. Souvent, ces baptêmes à la chaîne, pour beaucoup opportunistes, aboutirent à un syncrétisme qui constituait une forme de résistance. Est-ce qu'il fallait croire aux contes que prêchent les pères blancs à longue barbe ou à ceux que raconte votre mère, chaque soir, à la veillée, jusqu'à ce que le foyer ne soit plus que braises rougeoyantes? Dans ces histoires miraculeuses, la satire se mêle d'humour et de merveilleux:un immense plaisir de lecture.
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«Louis-Claude de Saint-Martin (1743-1803), dit «le Philosophe Inconnu», est un penseur français, figure centrale de l'Illuminisme européen. On lui doit deux livres principaux, publiés à des dates très significatives : L'Homme de Désir (1790) et Le Ministère de l'Homme-Esprit (1802). Certains, contre toute évidence, prétendent qu'il n'est pas mort, et qu'il continue ses singulières activités révolutionnaires. Il aurait ainsi rencontré Rimbaud, et peut-être aussi, mais restons prudents, le narrateur de ce livre.» Philippe Sollers.
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« Je m'appelle Sylvie Meyer. J'ai 53 ans. Je suis mère de deux enfants. Je suis séparée de mon mari depuis un an. Je travaille à la Cagex, une entreprise de caoutchouc. Je dirige la section des ajustements. Je n'ai aucun antécédent judiciaire. » Sylvie est une femme banale, modeste, ponctuelle, solide, bonne camarade, une femme simple, sur qui on peut compter. Lorsque son mari l'a quittée, elle n'a rien dit, elle n'a pas pleuré, elle a essayé de faire comme si tout allait bien, d'élever ses fils, d'occuper sa place dans ce lit devenu trop grand pour elle.
Lorsque son patron lui a demandé de faire des heures supplémentaires, de surveiller les autres salariés, elle n'a pas protesté : elle a agi comme les autres l'espéraient. Jusqu'à ce matin de novembre où cette violence du monde, des autres, sa solitude, l'injustice se sont imposées à elle. En une nuit, elle détruit tout. Ce qu'elle fait est condamnable, passable de poursuite, d'un emprisonnement mais le temps de cette révolte Sylvie se sent vivante. Elle renaît.
Un portrait de femme magnifique, bouleversant : chaque douleur et chaque mot de Sylvie deviennent les nôtres et font écho à notre vie, à notre part de pardon, à nos espoirs de liberté et de paix.
Prix Anaïs Nin 2020 « Nina Bouraoui d'une écriture précise, finement ciselée, nous offre un texte délicat, juste et libérateur sur les violences intérieures. » Madame Figaro « Nina Bouraoui signe un roman social et politique fort » L'Express « Nina Bouraoui est une auteure salutaire. » Elle « Nina Bouraoui signe le portrait singulier et redoutable d'une femme qui porte en elle une révolte, celle des invisibles, otages d'une vie étouffante.» Le Parisien Week-End « Ce fulgurant roman d'initiation. De transition. » Télérama « Nina Bouraoui signe un de ses plus forts livres, en phase avec notre société » Le Parisien « Le talent de Nina Bouraoui est tel qu'elle nous rend imédiatement captifs de cette histoire d'une douloureuse réalité » Version Femina « Un roman coup de poing » RTL -
Voici l'histoire d'un amour fou.
Suzanne et Gabriel se rencontrent. Coup de foudre. Dès le dîner du lendemain, Gabriel demande Suzanne en mariage. Les quatre années qui suivent ce OUI virent au cauchemar. Suzanne et Gabriel partagent pourtant bien des choses, à commencer par leur passion de Savoir. Mais comment recommencer à aimer lorsque vos vies précédentes, et leurs fantômes, vous collent encore à la peau ? Comment se lancer dans cette aventure, dans cette traversée qu'est l'amour ?
Bref, ce couple tremble, au lieu d'oser. Et se déchire. Ils s'étaient dit Oui devant le maire. Mais les Non en eux l'emportaient. La saison I de leur amour s'achève par un divorce prononcé le 10 octobre 2011 par madame Anne Bérard, vice-présidente aux affaires familiales (Tribunal de grande instance de Paris) Ce livre ne lui est pas seulement dédié, ainsi qu'à sa greffière, madame Cerutti. C'est une longue lettre à elle adressée pour la remercier. Car en les séparant, « puisque telle semble être votre décision », elle sortit de sa réserve réglementaire pour faire part de sa conviction qu'« elle sentait en eux beaucoup d'amour ».
La saison II va lui donner, ô combien, raison. Gabriel ne se contente pas de pleurer son amour perdu. Il part pour le Grand Nord et s'y trouve une fraternité immédiate avec ces étendues gelées.
C'est alors, au coeur d'une tempête, qu'un message lui vient. Suzanne.
« Je sais que tu vas t'embarquer pour une traversée risquée. Alors je voulais que tu saches que je t'ai aimé ». De battre le coeur ne s'arrête plus. D'autant que Suzanne arrive. Suzanne, ma Suzanne et sa leçon de courage.
Ils partiront, ensemble, vers le détroit de Béring, et les deux îles jumelles Diomède, l'américaine et la russe : entre les deux court la ligne de changement de date. Vont-ils enfin s'installer dans le Temps ?
Et qu'est-ce qu'un détroit ? Un bras de mer resserré entre deux continents. Comme l'amour. L'amour est une Géographie.
Kafka avait raison : un livre doit être une hache pour briser en nous la mer gelée.
L'amour, c'est pareil.
Merci, madame la Juge.
Après L'exposition coloniale, après Longtemps, l'heure était revenue pour moi de m'embarquer pour la seule exploration qui vaille : aimer.
E.O.
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Marettimo, petite île au large de la Sicile, juillet 1902. Quand il tombe amoureux de la belle Ana, venue passer l'été dans la maison de son père, Vittorio Bevilacqua, jeune pêcheur, ne peut se douter qu'il met en marche un engrenage qui l'obligera à fuir à l'autre bout du monde.
Ana est la fille de Salvatore Fontarossa, le fontaniero le plus puissant de Trapani, chef d'un clan mafieux enrichi dans les vergers de citrons de la ville. Don Salva envoie son fils aîné châtier le misérable qui a déshonoré sa fille. Mais la balle de revolver ne part pas, Vittorio se défend, le sang coule. « Quitte cette île cette nuit, pars le plus loin possible. Va en America. Ne reviens jamais, ou nous sommes tous morts », lui dit un ancien.
De Naples à New York, puis de La Nouvelle-Orléans à la Californie, Vittorio tente d'oublier Ana. Enceinte de lui, elle surmontera toutes les épreuves. Pour, un jour, retrouver l'homme qu'elle aime ? À travers la trajectoire de deux amants en quête de liberté et que tout sépare, Michel Moutot signe un roman d'aventures passionnant sur l'essor de la Mafia et le destin des émigrants partis tenter leur chance en Amérique à l'aube du XXe siècle.
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Le premier souvenir de solitude ? Un petit garçon coiffé en brosse qui réclame sa mère à l'accueil d'un grand magasin.
Plus tard, c'est un enfant de 10 ans qui nage seul dans la mer du nord et qui lorsqu'il se retourne découvre la plage vide : personne ne l'a attendu. Puis c'est la première danse refusée, la première rupture, le premier deuil, mais c'est aussi tous ces moments choisis, voulus, espérés, goutés : seul avec un livre, avec une musique, seul à regarder les autres, seul en écrivant. Jean-Louis Fournier est toujours ce petit garçon, fils unique qui rêvait d'amitiés et d'une grande famille mais qui espérait aussi s'échapper, grandir, rester seul.
Aujourd'hui dans un grand appartement, après la mort de sa femme, de ses amis, de son éditeur, ce désir des autres et ce besoin de solitude sont restés les mêmes et il passe de l'un à l'autre. Avec un mélange de douceur, de tristesse et d'espièglerie, il regarde les fenêtres toujours fermées de ses voisins (des gens seuls comme lui ?), il observe ce monde où les hommes sont ultra connectés et semblent n'avoir jamais été aussi seuls, il attend la visite d'une jeune femme qui l'emmène au musée, qui le distrait, lui apporte sa jeunesse : mais des deux qui est le plus seul ?
Un livre tendre, délicat, mélancolique parfois qui ressemble à une aquarelle de Turner et à un dessin de Sempé. -
Sans aucune attirance pour ce genre de pratique et par hasard convaincue par un ami, Hélène qui traverse avec son mari un passage très difficile, part pour onze jours s'enfermer dans le silence d'une méditation Vipassana. De cela, elle ne dit rien à personne. Elle laisse ses enfants, des jumeaux de 5 ans, en ayant auprès d'eux méticuleusement organisé son absence mais son mari Sébastien ne peut comprendre cet abandon qu'il interprète comme une trahison. Pendant 11 jours Hélène va découvrir le fonctionnement de tout être grâce à son étrange retraite. Sébastien, de son côté, traverse littéralement un chaos, intime et professionnel. Hélène revient le 16 septembre 2001.Ce livre confronte le plus intime au plus politique des engagements humains. Il interroge ce que l'individu peut espérer trouver en lui de ressources et de conscience pour tenter de voir et de dire le monde sans être abusé par la conformité et le pouvoir des médias.
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En 1944, Mathilde, une jeune Alsacienne, s'éprend d'Amine Belhaj, un Marocain combattant dans l'armée française. Après la Libération, le couple s'installe au Maroc à Meknès, ville de garnison et de colons. Tandis qu'Amine tente de mettre en valeur un domaine constitué de terres rocailleuses et ingrates, Mathilde se sent vite étouffée par le climat rigoriste du Maroc. Seule et isolée à la ferme avec ses deux enfants, elle souffre de la méfiance qu'elle inspire en tant qu'étrangère et du manque d'argent. Le travail acharné du couple portera-t-il ses fruits ? Les dix années que couvre le roman sont aussi celles d'une montée inéluctable des tensions et des violences qui aboutiront en 1956 à l'indépendance de l'ancien protectorat. Tous les personnages de ce roman vivent dans «le pays des autres» : les colons comme les indigènes, les soldats comme les paysans ou les exilés. Les femmes, surtout, vivent dans le pays des hommes et doivent sans cesse lutter pour leur émancipation. Après deux romans au style clinique et acéré, Leïla Slimani, dans cette grande fresque, fait revivre une époque et ses acteurs avec humanité, justesse, et un sens très subtil de la narration.
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«J'ai lutté, pour te retrouver, de toutes mes forces. L'espoir m'a fait vivre. Mille fois je me suis levée convaincue que ce serait aujourd'hui. Mille fois mon coeur a bondi en croyant t'apercevoir. Mille fois je me suis couchée en voulant croire que ce serait demain. Le jour où je te reverrais.» Un jeune peintre voit apparaître sur ses toiles un visage étrangement familier. Ailleurs, une femme écrit une ultime lettre à son amour perdu. Ils ont en commun l'absence qui hante le quotidien, la compagnie tenace des fantômes du passé. Au fil d'un jeu de miroirs subtil, leurs quêtes vont se rejoindre. Ce roman parle d'amour inconditionnel et d'exigence de vérité. De sa plume singulière, à la fois vive, limpide et poétique, Lucie Paye nous entraîne dès les premières pages vers une énigme poignante.
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Ce livre est certes un roman avec une histoire, des personnages, mais c'est aussi un conte philosophique qui dénonce avec humour et férocité l'évolution de notre société. L'action se déroule dans une dizaine d'années, par un été de canicule, et commence à Marseille, au Cercle des Nageurs, avec la rencontre entre Diane, la narratrice, et Antoine Bradsock, le héros d'un « Très Grand amour », un écrivain octogénaire, atteint d'un cancer très grave, qui rêve de finir en « beauté ».Au fil de cet amour qui va durer trente-trois jours, le lecteur découvre un monde martyrisé par un soleil pesant, l'action de sectes de toutes sortes, des règlementations qui limitent toujours plus la liberté d'expression, pendant que, dans les rues, les esprits s'échauffent et les manifestations se multiplient. S'il y a une morale dans ce livre, c'est celle de la citation de Boileau qui se trouve en exergue : « Il faut rire avant d'être heureux, de peur de mourir avant d'avoir ri ».